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  • Histoire d’horreur pour Halloween : Mina et le tueur silencieux

    21 / Mar / 2022

    Histoire d’horreur pour Halloween : Mina et le tueur silencieux

    Mina a pratiquement fini sa journée et elle se réjouit du festin qui l’attend dans la ruche. Malheureusement, un tueur rôde et il prévoit de frapper ce soir... Mina et les abeilles parviendront-elles à échapper à ce tueur sans merci ?

    J'avais pratiquement fini ma journée et il commençait à faire sombre. Malgré l’automne, les derniers jours avaient été étonnamment chauds et j’étais de sortie pour butiner les dernières fleurs. C’était plutôt une bonne nouvelle : ça me permettait d'échapper à l'ambiance tendue qui régnait dans la ruche. La Reine était complètement déboussolée par les changements météorologiques des derniers et l’alternance pluie/soleil. C'était épuisant.

    Ses jérémiades emplissaient toute la ruche et la colonie se demandait s’il ne fallait pas la remplacer par une autre reine, moins pleurnicheuse... Hélas, tous les bourdons avaient été chassés de la ruche il y a des semaines et la probabilité que l’un d’entre eux soit encore vivant était faible. Nous allions donc affronter l’hiver avec notre reine actuelle.

    Soudain, mon attention a été attirée par un éclair jaune et noir sur ma gauche. Sans réfléchir, j’ai fait signe à mes congénères et 30 d’entre elles se sont précipitées hors de la ruche, prêtes à en découdre face à notre ennemi ancestral. En un instant, nous nous sommes mises en formation dans le soleil couchant : dards sortis, abdomens levés, venin pulsant dans nos glandes.

    À notre grande surprise, ce n'était pas une guêpe, mais Mirabelle, de la ruche voisine, qui s’est écriée : « TRICK OR TREAT ! ». Elle s'était roulée dans le pollen jaune vif pour se déguiser en guêpe. Avec un rire nerveux, une de nos gardiennes est sortie pour lui donner un peu de miel avec sa trompe. Mirabelle l’a englouti et s’est envolée vers une ruche voisine pour leur jouer le même tour.

    Amandine s’est tournée vers moi et a marmonné : « Vivement qu’Halloween se termine ! » À dire vrai, je ne partageais pas son avis. On prévoyait un festin à la ruche, quel plaisir ! L’histoire raconte qu'il y a 100 jours, en l'honneur de cette journée, des fleurs de citrouilles ont été lancées en tous sens. Du délicieux pollen de potiron, du nectar de potiron à volonté, des bougies fabriquées à la sueur de notre front pour donner à la ruche une atmosphère chaleureuse... De ma courte vie, jamais je n'avais attendu d'évènement avec autant d’impatience et j’avais désespérément besoin de ce repos bien mérité. J’avais l’impression de m’être tuée à la tâche, littéralement.

    En entrant dans la ruche, j’ai vu que d'autres attendaient ce moment avec beaucoup d'impatience : il régnait une ambiance détendue et l’air vibrait de joie. Même la Reine avait arrêté de se plaindre et était de bonne humeur. Elle était chouchoutée et nourrie par sa cour, très attentive.

    Je me dirigeais vers le centre de la fête, où était stockée la majeure partie de notre miel, quand j’ai vu Dora étendue sur le sol. Paniquée, j’ai volé vers elle. Les autres n’avaient rien vu, la fête battait son plein. J'ai inspecté le corps de Dora à la recherche de blessures ou de piqures, sans succès. 

    Sous le choc, je me suis effondrée en sanglotant. Je n’arrivais pas à y croire, Dora n’avait que 30 jours... C’est trop jeune pour mourir. Et Dora n'était pas du genre à mettre fin à ses jours... Peut-être que le champ de maïs d’à côté était empoisonné ? J'ai inspecté sa trompe et abandonné mon hypothèse. Je me suis creusé la tête, mais impossible de trouver une raison. Quel mal avait pu la frapper ? Y avait-il un meurtrier - ou pire, un monstre - parmi nous ?

    Je devais en avoir le cœur net avant que d'autres innocentes n’y laissent leur vie. J'avais à peine pris cette résolution qu’une autre abeille est tombée à 15 cm de moi. Cette fois, c'était Betty, une vieille ouvrière. J'ai volé vers elle. Elle a rendu son dernier soupir dans mes bras, ses yeux désormais éteints dans la lueur des bougies. 

    Je sentais la panique monter. J'ai regardé autour de moi et j’ai vu d'autres abeilles mortes, gisant au sol. Mais que se passait-il, enfin ?! Aussi vite que me le permettaient mes ailes, j’ai filé vers Sally, ma meilleure amie. Elle saurait quoi faire. Sally était l'abeille la plus sage que je connaisse. Elle faisait toujours les vols les plus longs et avait même réussi à échapper à un frelon !

    À la 582e cellule, je l'ai finalement trouvée. J'ai raconté l’histoire aussi vite que possible. Sally n’a pas hésité une seconde : elle m'a accompagnée vers la salle du festin, qui s'était transformée en champ de bataille. Des centaines de cadavres gisaient sur le grillage métallisé. J'ai senti la panique me submerger et pour la première fois, des gouttes ont coulé de mes yeux normalement facétieux.

    Sally a essayé de me calmer, mais le monde s’est mis à tourner et je n’entendais plus rien, je voyais tout par 1000 yeux à la fois. Une vive douleur m'a rappelée à la réalité : Sally m’avait piquée. J’ai enfin compris ce qu’elle disait :  « Regarde ! Ce n’est pas un monstre, c’est encore pire ! » J’ai tourné le corps de Dora et ce que j’ai vu confirmait nos pires craintes. Ils étaient là, cachés dans les replis de sa chair, à sucer son sang tranquillement.Les vampires, dont le nom faisait trembler toutes les abeilles : les varroas ! Notre ennemi juré avait choisi précisément cette soirée pour s’infiltrer dans notre ruche.

    Les histoires transmises de génération en génération étaient donc vraies. La précédente guerre contre cet abominable fléau avait pratiquement couté la vie à la colonie. Sally a réagi immédiatement : elle a quitté la ruche et je l’ai suivie, chancelante. Je lui ai demandé où elle allait. Elle n'a pas répondu.

    Une fois dehors, le vent froid s’est engouffré dans mes ailes fragiles. Quelle folie ! Il ne fait que 8 degrés dehors, c’est bien trop froid pour sortir et encore moins pour voler à découvert ! Mais Sally a persévéré et elle a soudain tourné à gauche après le 1485e brin d’herbe, en direction d’un seau blanc mal fermé et couvert de vieilles inscriptions.

    J'ai vaguement distingué un X et quelques U, mais Sally était sure de son coup : elle s’est enduit le corps de poudre blanche et m’a crié de l’imiter. L’heure n'était pas aux questions. Je sentais mes ailes s’engourdir, tant le froid était paralysant. Sans réfléchir, j’ai plongé dans la poudre blanche et j'ai regagné la colonie.

    À l’intérieur, Sally a filé vers les bougies, dont la flamme mourrait doucement. Elle a jeté la poudre dans le feu et a provoqué une épaisse fumée blanche qui a enveloppé le corps de nos congénères. Les parasites se sont soudain mis à hurler et à rugir, avant de tomber brutalement sur le sol en métal. La fumée avait attaqué leurs pattes et ils étaient incapables de tenir debout.

    Nos sœurs, désormais conscientes de la situation, se sont précipitées dehors avec Sally pour refaire le plein de poudre. En quelques instants, le sol de notre ruche s’est recouvert de verroas agonisants qui réclamaient, impuissants, nos corps gras et protéinés. Avec dégout, nous les avons poussés sur le sol jusqu’à ce qu’ils s'écrasent sur la grille. 

    J'ai pris Sally dans mes bras et nous avons passionnément échangé du miel par trophallaxie. Notre colonie était sauvée et le festin allait enfin pouvoir commencer ! Hélas, toute cette agitation avait fait baisser la température de 5°C dans la ruche…

    Nous allions encore devoir passer la nuit à vrombir pour générer de la chaleur. Tu parles d’une vie !

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